Un jugement historique contre le harcèlement

 
 

Le 20 décembre dernier, France Télécom et ses ex-dirigeants ont été condamnés pour « harcèlement moral » institutionnel. Une première ! 
Un pas majeur vient ainsi d’être franchi dans la reconnaissance du harcèlement moral comme mode de management.  
Ce jugement ouvre donc de nouveaux recours aux syndicats, aux représentants du personnel, aux salariés, pour s’attaquer directement aux causes de la souffrance au travail et non plus aux lampistes. 

 

Le dossier France Télécom diffère d’un harcèlement moral classique, où l’auteur a un lien direct avec la victime. Il s’agit ici d’un harcèlement moral institutionnel, collectif. C’est une « caractérisation inédite du harcèlement moral », écrit le tribunal. 

Les mots des juges sont acérés, tranchants et bien plus précis que n’importe quelle explication : « A cette dimension collective du harcèlement moral fait écho la phrase de Jean de La Fontaine :  Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés  », écrit le tribunal. «  Car loin de se réduire à un conflit individuel, le harcèlement moral peut avoir ses racines profondes dans l’organisation du travail et dans les formes de management « . 

La politique de la direction « a créé un climat anxiogène, déstabilisant les agents qui tombaient alors dans la crainte de ne pas retrouver de poste (…) ou dans l’angoisse de devoir à tout prix parvenir à s’adapter à leurs nouvelles fonctions sous peine d’être contraint au départ », indique le jugement. 

« L’encadrement », lui-même « menacé de sanctions » ou « récompensé financièrement en cas d’objectif atteint », « a répercuté cette pression (…) par une intensification des incitations à la mobilité, par des mutations forcées, par l’inflation des contrôles. » 

« Le travail nourrit et structure l’identité professionnelle mais aussi personnelle. L’emprise phagocyte la réflexion, elle isole la personne : elle provoque des failles telles que des conflits de valeurs, l’insatisfaction du travail bâclé, le doute sur la compétence, ou amplifie d’éventuelles fragilités antérieures. » 

Et les juges de conclure : « Il s’agit seulement de rappeler aux prévenus que les moyens choisis pour atteindre l’objectif des 22.000 départs étaient interdits. » 

Les dirigeants vont devoir s’en souvenir ! 

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