Quels sont les critères d’ordre de licenciement fixés par la loi ?

Lorsque l’employeur décide de licencier pour motif économique un ou plusieurs salariés, il doit respecter certains critères légaux. Ces critères peuvent être adaptés et aménagés au sein d’une convention collective ou au sein du plan de sauvegarde de l’emploi.


La loi énumère l’ensemble des critères à l’article L. 1233-5 du Code du travail, à savoir :
- les charges de famille et en particulier celles des parents isolés ;
- l'ancienneté de service dans l'établissement ou l'entreprise ;
- la situation des salariés qui présentent des caractéristiques sociales rendant leur réinsertion professionnelle particulièrement difficile : personnes handicapées, salariés âgés, etc. ;
- les qualités professionnelles appréciées par catégories.


Cette liste n’est en rien limitative ! En effet, il est possible de fixer d’autres critères. Toutefois, ces critères devront être fixés sur la base d’éléments précis et objectifs. Ils ne devront pas être de nature à discriminer un salarié en raison, par exemple, de son sexe, de sa nationalité ou encore de son appartenance syndicale.

La jurisprudence a clarifié certaines situations en lien avec ces critères d’ordre

À ce titre, il est précisé que le critère des charges de famille ne peut pas être apprécié différemment selon que la famille est d'origine étrangère ou non (Cass. soc., 8 avr. 1992, n° 90-41.276). L’employeur ne peut pas davantage faire de distinction entre les salariés à temps plein et les salariés à temps partiel. Il ne peut pas non plus prendre en compte la seule ancienneté des salariés pour apprécier leurs qualités professionnelles (CE, 27 janv. 2020, n° 426230), ni leur niveau de diplôme (Cass. soc., 18 janv. 2023, n° 21-19.675).


De plus, l’employeur est dans l’obligation de tenir compte du handicap dans l’ordre des licenciements (Cass. soc., 19 nov. 2008, n° 07-43.484). 

 

Ainsi, un salarié pourrait contester l'ordre des licenciements au motif que son handicap n'a pas du tout été pris en compte. Toutefois, la jurisprudence admet la possibilité pour l’employeur de préférer le critère des qualités professionnelles à celui du handicap dans le cadre du départage entre salariés à égalité de points après prise en compte de l’ensemble des critères.

Bon à savoir : En pratique, l'ordre des licenciements peut ainsi conduire à conserver un salarié dont le poste a été supprimé et à licencier un salarié dont le poste est maintenu (Cass. soc., 29 juin 1994, n° 92-44.466).

En effet, le licenciement d'un salarié pour raison économique est justifié lorsqu'il est établi que le nombre de postes dans sa catégorie a été diminué en raison d'un surplus de personnel, et qu'il a été licencié suite à l'obligation de l'employeur d’appliquer un ordre des licenciements. Peu importe si, dans le contexte de la réorganisation de la société, un autre salarié a été affecté au poste précédemment occupé par le salarié concerné.

En pratique, comment applique-t-on les critères d’ordre de licenciement ?

L’application des critères d’ordre de licenciement doit se faire au sein d’une même catégorie professionnelle. Mais alors, c’est quoi « une même catégorie professionnelle » ?
 

La Cour de cassation a précisé que la catégorie professionnelle regroupe « l’ensemble des salariés qui exercent au sein de l’entreprise des fonctions de même nature supposant une formation professionnelle commune » (Cass. soc., 13 févr. 1997, n° 95-16.648).
Ainsi, les critères d’ordre de licenciement ont vocation à s’appliquer à l’ensemble du personnel de l’entreprise dans la catégorie professionnelle à laquelle appartient le salarié dont l’emploi est supprimé.
 

Par ailleurs, le Code du travail précise que le périmètre d’application de ces critères peut être fixé par un accord collectif. À défaut, le périmètre ne peut être inférieur à celui de chaque zone d'emplois dans laquelle sont situés un ou plusieurs établissements de l'entreprise concernés par les suppressions d'emplois (article L. 1233-5 du Code du travail).


L’INSEE définit les zones d’emplois comme « un espace géographique à l'intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l'essentiel de la main d'œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts ».

Vous avez d'autres questions à ce sujet ?

Découvrez notre service d'accompagnement juridique pour répondre à toutes vos questions !

Ca m'intéresse !

Est-ce que mon employeur est obligé de me communiquer les critères d’ordre retenus ?

Oui et non !
L’employeur n’est pas tenu de prendre l’initiative d’informer le salarié sur les critères d’ordre de licenciement. Néanmoins, les salariés concernés peuvent demander à l'employeur de leur faire connaître les critères retenus (article L. 1233-17 du Code du travail).


Il appartient au salarié de formuler sa demande par une lettre recommandée avec avis de réception ou par une lettre remise en main propre contre décharge (article R. 1233-1 du Code du travail). Il doit formuler sa demande avant l'expiration d'un délai de 10 jours qui court à partir de la cessation effective de travail, c'est-à-dire du lendemain du jour où le salarié quitte effectivement son travail.
 

Ensuite, l’employeur sera tenu de faire connaître les critères qu’il a retenus, par lettre recommandée avec avis de réception ou par lettre remise en main propre contre décharge, au plus tard 10 jours après la présentation de la lettre du salarié ou de la remise en main propre de celle-ci.

Bon à savoir : Le salarié, qui n’a pas demandé à connaître les critères retenus par l'employeur ou qui n'a pas reçu de réponse de ce dernier à sa demande, conserve le droit de contester l'ordre des licenciements (Cass. soc., 18 mai 2004, n° 02-41.17).

En cas de contestation relative à l'ordre des licenciements, l'employeur devra communiquer au juge les données objectives, précises et vérifiables sur lesquelles il s'est appuyé pour arrêter son choix (Cass. soc., 25 nov. 2003, n° 01-42.611).

Attention :Le fait que l’employeur ne respecte pas les critères d’ordre de licenciement légaux est puni par les contraventions de 4eme classe (article R. 1238-2 du Code du travail) !

Recevez toute l'actualité juridique !

Partager

Nos actualités

07 mars 2025

L'activité partielle : présentation et enjeux

Qu’est-ce que l’activité partielle ? Quelles entreprises peuvent y avoir recours et dans quelles situations ? Cet article vise à clarifier les conditions de recours à l'activité partielle, les impacts pour les salariés, ainsi que les différences entre les deux dispositifs.

20 févr. 2025

Mieux comprendre le « licenciement pour motif économique » : le motif économique, c’est quoi ?

Vous vous interrogez sur ce qu'est le licenciement pour motif économique ? Comprendre ses causes et ses implications est essentiel pour mieux appréhender vos droits. Dans cet article, nous décryptons pour vous ce qu’est réellement un « motif économique » et les situations qui peuvent y mener !

17 janv. 2025

L’évaluation des risques professionnels : rôle du CSE et du CSSCT

Bien que l’évaluation des risques professionnels soit une responsabilité légale de l’employeur, le CSE ou la CSSCT doivent être inclus dans cette démarche à diverses occasions.

● Qu’est-ce que l’évaluation des risques professionnels ?

● Quel est le rôle du CSE et de la CSSCT dans la prévention des risques professionnels ?

 

10 janv. 2025

Le délit d'entrave

Le Code du travail prévoit que le fait d’entraver la constitution du CSE ou son fonctionnement régulier constitue un délit (article L. 2317-1 du Code du travail). En effet, les élus du comité social et économique invoquent souvent le délit d’entrave face à certains agissements de l’employeur ou de salariés. Qu’est-ce que le délit d’entrave ? Comment le caractériser ? Quelles sont les sanctions encourues ?

07 janv. 2025

La disparition du Comité Social et Economique (CSE) et la révocation de ses membres : explications pratiques

A quel moment le CSE cesse-t-il d’exister ? Que se passe-t-il si les salariés sont mécontents de leurs élus ? Si l’employeur est mécontent du dialogue social au sein de l’entreprise ? Existe-il des possibilités de destitution ou de dissolution du CSE ? Les élus ont-ils la possibilité, eux-mêmes, de révoquer l’un de leurs membres ? Cet article aborde les règles et notions de disparition du CSE ainsi que de révocation de ses membres.

NOS FORMATIONS VOUS INTÉRESSENT ?

Nous sommes là pour vous aider à développer vos compétences et à atteindre vos objectifs professionnels. N'hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus sur nos programmes de formation et découvrir comment nous pouvons vous accompagner.

Contactez-nous !

NOS FORMATIONS À LA UNE

Formation Secrétaire CSE

Formation Secrétaire CSE

CSE
Inter
Intra

Découvrir le rôle du secrétaire

  • 7 heures
  • A distance / Présentiel
  • Satisfaction 9.70
La RSE pour le CSE

La RSE pour le CSE

CSE
Inter
Intra
Sur mesure

Découvrez comment le CSE peut jouer un rôle clé dans la mise en œuvre de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et contribuer à un développement durable et éthique au sein de votre organisation

  • 7 heures
  • A distance
  • Satisfaction 9.10
Formation SSCT + 50 salariés - 1er mandat

Formation SSCT + 50 salariés - 1er mandat

SSCT
Inter
Intra

Formation obligatoire SSCT pour les plus de 50 salariés

  • 35 heures
  • A distance / Présentiel
  • Satisfaction 9.50
Référent harcèlement sexuel

Référent harcèlement sexuel

SSCT
Inter
Intra

Comprendre le rôle essentiel du référent harcèlement sexuel

  • 7 heures
  • A distance / Présentiel
  • Satisfaction 9.50

EN APPRENDRE PLUSsur l'ensemble de nos formations

Comment se déroule une formation CSE avec CELIADE ?
A qui s'adressent nos formations économique ?
Qui finance la formation SSCT ?
Combien de temps dure la formation SSCT ?

Rechercher

Formation Secrétaire CSEFormation SSCT + 50 salariés - 1er mandatRéférent harcèlement sexuelLa RSE pour le CSEFormation Trésorier CSEFormation bases droit du travail