La reconnaissance d’un usage à des conséquences importantes puisqu’une pratique reconnue officiellement comme étant un usage va contraindre l’employeur et l’engager pour l’avenir (dans certaines limites).

Les pratiques/avantages pouvant être qualifiés d’usage sont très variables. Il peut s’agir d’une prime, des tickets-restaurant, de congés supplémentaires, des frais kilométriques, des pratiques relatives au fonctionnement du CSE, etc. 

L’essentiel est de s’assurer que la pratique/avantage réponde à la définition de l’usage. 

 

C’est la Cour de cassation qui est venue définir l’usage d’entreprise : 

Ainsi, une pratique/avantage devient un usage lorsqu’elle répond à 3 conditions cumulatives : 

  • Première condition : la pratique doit être GENERALE 

  • Deuxième condition : la pratique doit être CONSTANTE

  • Troisième condition : la pratique doit être FIXE

Bon à savoir :
Les 3 conditions sont cumulatives. Autrement dit, si une des conditions fait défaut, l’usage ne pourra pas être reconnu.

LA GENERALITE

L’avantage doit être accordé à tous les salariés de l’entreprise ou à une catégorie précise de salariés tant que cette catégorie respecte l’égalité de traitement et le principe de non-discrimination. Ainsi, il est possible de reconnaître un usage lorsque l’avantage n’est accordé qu’au personnel d’encadrement (Cass. Soc., 27 mai 1987, n°82-42.115).

La condition de généralité est respectée si l’avantage concerne un groupe homogène de salarié, une collectivité de salarié. Autrement dit, un groupe de salarié avec des considérations, des intérêts et des contraintes similaires.

A l’inverse, il ne s’agira pas d’un usage, si l’avantage n’est accordé qu’à un salarié ou à plusieurs salariés individuellement : « les avantages réclamés par la salariée avaient été discrétionnairement accordés par l'employeur aux autres salariés, à des dates différentes, à titre de récompense et sans aucune règle précise ; elle a pu en déduire que leur octroi ne constituait pas un usage dans l'entreprise » (Cass. Soc., 16 mars 1989, n°86-45.428).

 

 

Ce n’est pas le nombre de salariés qui est essentiel, même si celui est un indice. C’est la notion de collectivité qui est indispensable : « Le critère de généralité est rempli lorsque l'avantage est versé à l'unique représentant d'une catégorie de personnel » (Cass. Soc., 21 juin 2023, n°21-22.076). La catégorie professionnelle permet, par exemple, de déterminer une collectivité de salariés.

Découvrez notre accompagnement juridique !

Vous avez d'autres questions à ce sujet ? Contactez-nous !

En savoir plus

LA CONSTANCE

L’avantage doit être accordé plusieurs fois (répétition) en respectant une certaine périodicité (périodique).

« Une pratique isolée de l'employeur ne saurait, faute d'être constante, générale et fixe, constituer un usage d'entreprise » (Cass. Soc., 22 juin 2011, n°10-14.196)

Il n’y a pas de durée minimale à respecter, ce sont les juges qui apprécient au cas par cas, si la condition est respectée. Une durée de 3 ans a été validée par les juges (Cass. soc., 20 juin 1984, n°81-42.917).

LA FIXITE

L’avantage accordé aux salariés doit être fixe : 

  • Soit dans son montant

  • Soit dans son mode de calcul

  • Soit dans les conditions d’octroi

Si l’avantage repose sur un mode de calcul déterminé, la condition de fixité est remplie : « les juges du fond ont constaté que son versement avait été effectué selon un mode de calcul déterminé conférant à cette prime un caractère de fixité » (Cass. soc., 26 nov. 1987, no85-42.946). 

Autrement dit, le montant de l’avantage n’a pas à être identique tant que son mode de calcul est fixe, c’est le cas d’une prime indexée sur l’inflation par exemple ou indexée sur l’évolution des salaires : « dont le montant, en progression constante, suivait l'évolution des salaires et ne dépendait pas des résultats de l'entreprise » (Cass. Soc., 16 mars 1989, n°87-41.105)

A l’inverse, dès que le montant de la prime ou son mode de calcul est laissé au libre-arbitre de l’employeur, l’avantage ne répond pas au critère de fixité : « la prime de fin d'année variait chaque année dans son montant et ne répondait à aucun critère précis, le conseil de prud'hommes a pu en déduire qu'elle ne revêtait aucun caractère de fixité, susceptible de la rendre obligatoire pour l'employeur » (Cass. Soc., 6 juin 2001, n°99-42.372)

La réunion des 3 conditions permet aux salariés de revendiquer l’existence d’un usage et donc le maintien de l’avantage.

En cas de litige, ce sont les juges qui apprécient souverainement la reconnaissance ou non d’un usage.

Bon à savoir :
Il est important de distinguer l’usage de l’erreur : l’erreur même répétée n’est pas créatrice de droit contrairement à l’usage. L’usage repose sur une volonté implicite de l’employeur d’accorder aux salariés un avantage contrairement à l’erreur.

Attention, l’usage à une valeur juridique « limitée ». En effet, l’employeur peut à tout moment, sans justification, modifier ou supprimer l’usage. Il ne s’agit pas d’un droit acquis ad vitam æternam. 

L’employeur doit, toutefois, respecter une procédure stricte pour modifier ou supprimer un usage. A défaut, les salariés sont en droit de réclamer l’avantage qui n’a pas été régulièrement dénoncé. 

Il existe une exception : l’usage prend fin automatiquement lorsqu’un accord collectif a été conclu sur le même objet. Dans une telle situation, l’accord met mécaniquement fin à l’usage sans que l’employeur n’ait besoin de respecter la procédure de dénonciation.

 

 

La procédure repose sur trois étapes : 

  • La consultation du CSE

  • L’information individuelle des salariés

  • Le respect d’un délai de prévenance

Découvrez nos formations complémentaires

Vous avez besoin d'en apprendre davantage, contactez-nous pour en savoir plus !

Ça m'intéresse !

La consultation du CSE

La consultation du CSE doit précéder l’information individuelle des salariés. En effet, la consultation préalable permet aux élus d’ouvrir une éventuelle négociation (Cass. Soc., 30 mai 2001, n°99-40.933)

« La dénonciation d'un usage dans l'entreprise implique que (…) cette information soit donnée en réunion du comité après inscription à l'ordre du jour ; d'où il suit que l'arrêt, qui a constaté que cette information n'avait été diffusée que par lettres individuelles adressées aux représentants du personnel a exactement décidé que la dénonciation de l'usage était irrégulière » (Cass. Soc., 5 janvier 2005 n°02-42.819)

L’information individuelle des salariés

L’employeur doit informer individuellement les salariés concernés par l’usage. Ainsi, chaque salarié doit recevoir individuellement une lettre recommandée ou une lettre remise en main propre ou un courriel.

Le respect d’un délai de prévenance

L’employeur doit respecter un délai entre la dénonciation (information du CSE et des salariés) et la suppression définitive de l’usage. On parle de « préavis » de « délai de prévenance ».

Aucun texte ne précise la durée de ce délai. L’employeur doit respecter un délai de prévenance raisonnable. Une fois encore, ce sont les juges qui apprécieront si le délai est raisonnable ou non au cas par cas selon l’avantage concerné.

La Cour de cassation a considéré comme suffisant un délai de 2 mois et insuffisant un délai inférieur à 1 mois (Cass. soc., 7 juin 1995, n° 91-44.919, Cass. soc., 3 mars 1993, n° 89-45.785).

Recevez toute l'actualité juridique CSE

Partager

Nos actualités

17 déc. 2024

Comment impliquer les salariés dans les démarches de prévention des risques professionnels ?

Une démarche de prévention efficace nécessite que tous les acteurs de l’entreprise soient concernés. C’est pourquoi il est primordial que les salariés y participent activement. Pourquoi une démarche efficace implique-t-elle forcément les salariés Comment leur donner envie d’y participer ?

 

13 déc. 2024

Détecter et prévenir les RPS au sein de l’entreprise : Le rôle du CSE

Le CSE a un rôle important à jouer en matière de détection et de prévention des RPS au travers de ses différentes prérogatives.

Qu’est-ce que les RPS ? Comment le CSE peut-il détecter et prévenir les RPS ?

 

10 déc. 2024

L'obligation de discrétion des élus du CSE

Afin de protéger l'entreprise contre toute fuite d'informations stratégiques, la loi impose aux élus du CSE une obligation de discrétion à l'égard des informations confidentielles et données comme telles par l'employeur. Néanmoins quelle est l’étendue de cette obligation pour le CSE ? A partir de quand une information peut-elle être considérée comme étant confidentielle ? Et quels sont les risques encourus pour un élu qui manquerait à ce devoir ?

06 déc. 2024

Les droits d'alerte du CSE

Dans cet article, nous allons parcourir les différentes possibilités offertes au CSE en matière de droits d’alerte : quand et comment les mettre en œuvre, quelles sont leurs forces et leurs définitions. Il existe 5 droits d’alerte différents qui s’exercent parallèlement au droit de retrait dont dispose chaque salarié dans l’entreprise.

04 déc. 2024

Enquête CSE harcèlement moral : comment intervenir ?

Lorsqu’un cas de harcèlement moral est signalé au sein de l’entreprise, l’employeur a l’obligation de mener une enquête. Cependant, en tant qu’élu CSE, vous avez également un rôle à jouer. Que peut faire le CSE en cas de harcèlement moral ? Qu’est-ce que l’enquête CSE pour harcèlement moral ?

NOS FORMATIONS VOUS INTÉRESSENT ?

Nous sommes là pour vous aider à développer vos compétences et à atteindre vos objectifs professionnels. N'hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus sur nos programmes de formation et découvrir comment nous pouvons vous accompagner.

Contactez-nous !

NOS FORMATIONS À LA UNE

Formation Secrétaire CSE

Formation Secrétaire CSE

CSE
Inter
Intra

Découvrir le rôle du secrétaire

  • 7 heures
  • A distance / Présentiel
  • Satisfaction 9.70
La RSE pour le CSE

La RSE pour le CSE

CSE
Inter
Intra
Sur mesure

Découvrez comment le CSE peut jouer un rôle clé dans la mise en œuvre de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et contribuer à un développement durable et éthique au sein de votre organisation

  • 7 heures
  • A distance
  • Satisfaction 9.10
Formation SSCT + 50 salariés - 1er mandat

Formation SSCT + 50 salariés - 1er mandat

SSCT
Inter
Intra

Formation obligatoire SSCT pour les plus de 50 salariés

  • 35 heures
  • A distance / Présentiel
  • Satisfaction 9.50
Référent harcèlement sexuel

Référent harcèlement sexuel

SSCT
Inter
Intra

Comprendre le rôle essentiel du référent harcèlement sexuel

  • 7 heures
  • A distance / Présentiel
  • Satisfaction 9.50

EN APPRENDRE PLUSsur l'ensemble de nos formations

Comment se déroule une formation CSE avec CELIADE ?
A qui s'adressent nos formations économique ?
Qui finance la formation SSCT ?
Combien de temps dure la formation SSCT ?

Rechercher

Formation Secrétaire CSEFormation SSCT + 50 salariés - 1er mandatRéférent harcèlement sexuelLa RSE pour le CSEFormation Trésorier CSEFormation bases droit du travail