Comprendre l'importance de la démarche de prévention des risques professionnels
La prévention des risques professionnels occupe une place prépondérante au sein de l’entreprise, c’est pourquoi il est nécessaire de mettre en place une démarche de prévention efficace et qualitative.
Pourquoi la prévention des risques est-elle cruciale pour les entreprises ?
Selon l’article L.4121-1 du Code du travail, « l'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. »
Cet article précise le type de mesures à respecter :
- Des actions de prévention.
- Des actions d’information et de formation.
- La mise en place d’une organisation et de moyens adaptés.
Mais au-delà de la partie légale, la prévention des risques comporte de nombreux enjeux pour l’employeur.
Les enjeux humains, financiers et juridiques de la prévention
Citons en premier lieu les enjeux humains qui englobent :
- La santé et la sécurité des salariés. La prévention a, en effet, pour but de protéger les salariés contre les accidents et les maladies professionnelles. De plus, un environnement sécurisé améliore le bien-être des salariés, tout en réduisant leur stress.
- La réduction des impacts psychologiques. L’insécurité au travail peut augmenter, notamment la survenue de Risques Psychosociaux (RPS) qui peuvent entraîner des dépressions et des burn-out.
Les enjeux financiers sont principalement :
- La réduction des coûts dus aux accidents et maladies professionnelles.
- Le gain de performance économique grâce à une réduction des interruptions d’activité, des erreurs dues à de mauvaises conditions de travail, des coûts imprévus de remplacement…
Les enjeux juridiques sont notamment :
- La conformité légale. Comme cité précédemment, le Code du travail évoque la responsabilité de l’employeur dans la démarche de prévention. En cas de non-respect, il est passible de sanctions (amendes, poursuites pénales…).
- La responsabilité civile et pénale. En cas d'accident ou de maladie professionnelle, l'employeur peut être tenu responsable.
Les étapes clés pour une démarche de prévention réussie
Une démarche de prévention réussie nécessite de respecter plusieurs étapes.
Identifier et évaluer les risques
Afin de commencer, il est nécessaire de faire un état des lieux, c'est-à-dire identifier les risques professionnels et recueillir des informations qui vont servir à créer des indicateurs qui seront les valeurs de base. Ainsi, il sera plus facile de suivre la progression et l’efficacité de la démarche qui va être mise en place.
Il est intéressant de suivre, par exemple :
- Les données de santé.
- Les données des ressources humaines…
Ces informations vont également permettre d’élaborer un tableau de bord qui sera une aide précieuse pour piloter les futures actions.
Définir des objectifs et priorités clairs
Il est ensuite obligatoire de définir des objectifs prioritaires.
Pour cela, il faut :
- Identifier les salariés ou les lieux les plus à risque dans l’entreprise (pénibilité, produit ou équipement dangereux…).
- Mettre en avant les priorités en lien avec les indicateurs précédents.
- Tenir informés les salariés de la mise en place de la démarche de prévention.
- Créer un groupe de travail ou nommer une personne responsable du pilotage de la démarche, du suivi et de la coordination entre les différents acteurs.
Élaborer et mettre en œuvre un plan d'action
Pour élaborer un plan d’action, il faut d’abord analyser le risque. Pour cela, il existe différentes façons d’opérer :
- L’analyse des pratiques par des questionnaires, audits, grilles…
- L’analyse des postes de travail qui s'appuie sur des observations terrain, des entretiens et l’analyse de la documentation.
Suite aux conclusions obtenues précédemment, il va être possible de formaliser un plan d’action qui peut agir sur différents points (changement d’outils, d’organisation, d’ergonomie de poste…).
Suivre et évaluer les résultats des actions
Une partie très importante de ce processus est l'évaluation des résultats obtenus. En effet, celle-ci va permettre de pérenniser les actions efficaces ou de changer celles n’apportant pas de résultats satisfaisants. Pour cela, il est recommandé d’utiliser le tableau de bord créé en étape 1 et de mettre à jour et suivre les indicateurs.
Rôle des salariés dans la démarche de prévention
Les salariés ont un rôle central dans la démarche de prévention des risques professionnels, c’est pourquoi il est important de les impliquer à toutes les étapes de la démarche.
Impliquer les collaborateurs dès le début
Les salariés sont les premiers concernés par les risques professionnels et donc les premiers à pouvoir observer les situations dangereuses ou dysfonctionnements sur leur poste ou lieu de travail.
Il est donc important dès le début de prendre en compte leurs remontées terrain.
De plus, une fois le plan d’action défini, les salariés doivent être informés ou formés sur les nouvelles procédures ou équipements, afin de respecter les nouvelles consignes mises en place.
Sans cela, il sera impossible d’évaluer les résultats d’actions qui ne seraient pas suivies.
Encourager la participation active et le retour d'expérience
Une fois les changements mis en place, les salariés vont pouvoir donner un retour sur l’efficacité des mesures de prévention. Leur point de vue va aider à ajuster, si besoin, les dispositifs afin de trouver le meilleur compromis entre sécurité et travail sur le terrain. Pour cela, il est possible de questionner les salariés par mail, ou lors d’entretiens individuels ou collectifs.
Vous souhaitez en savoir plus ?
C'EST PAR ICIOutils et méthodes pour impliquer les salariés
Afin de faciliter les échanges et l’implication des salariés, plusieurs outils et méthodes peuvent être mis en place.
Utiliser le mode projet pour organiser la prévention
Le mode projet correspond à une méthodologie qui entraîne une approche structurée et qui encourage la collaboration entre différents services ou équipes d’une entreprise.
Le mode projet comporte de nombreux avantages, notamment :
- La coordination et la collaboration entre différents services (RH, Sécurité, production…). Cela permet d’avoir une vision plus large des risques et des démarches de prévention envisageables.
- L’établissement d’objectifs clairs. Le mode projet implique de structurer la démarche autour de buts précis, mesurables et atteignables.
- Un suivi de qualité. Le mode projet permet de suivre l’avancement des actions de prévention grâce à des outils de gestion de projet (tableaux de bord, diagramme de Gantt, etc.), tout en évaluant leur efficacité.
Intégrer des formations et sensibilisations régulières
Changer les habitudes de travail des salariés nécessite d’expliquer clairement les objectifs de ces changements. En effet, sans compréhension de la part des salariés, il va être extrêmement difficile d’obtenir leur adhésion à la démarche de prévention des risques professionnels.
De plus, il est recommandé de faire suivre aux salariés des formations sur les thématiques qui sont ressorties lors de la démarche de prévention. Par exemple, des formations sur les nouveaux outils, sur l’ergonomie…
Valoriser les contributions et promouvoir les réussites
Il est essentiel de mettre en avant les actions de prévention. Pour cela, une communication efficace et régulière permet de faire un point sur :
- Les nouveaux moyens mis en place.
- L’atteinte et la poursuite des objectifs.
- Les contributions de chacun à la prévention des risques.
Cette reconnaissance du salarié comme un acteur important va permettre de le motiver dans le suivi de cette démarche.
Collaborer avec des acteurs internes et externes
Pour s’assurer de la réussite de sa démarche de prévention des risques professionnels, il est bien souvent nécessaire de collaborer avec différents acteurs qu’ils soient internes ou externes à l’entreprise.
Mobiliser les ressources internes avec le CSE et la CSSCT
Le CSE et la CSSCT, lorsqu’elle est présente dans l’entreprise, sont des acteurs incontournables pour la réussite d’une démarche de prévention des risques professionnels.
En effet, quel que soit l’effectif de l’entreprise, le CSE a pour mission de promouvoir la santé, la sécurité et les conditions de travail dans l’entreprise (SSCT).
Le Code du travail lui donne d’ailleurs des attributions spécifiques en matière de SSCT :
- L’analyse des risques professionnels et l’effet de l’exposition aux facteurs de risque.
- Il peut proposer notamment des actions de prévention, notamment sur le harcèlement.
- Il réalise des inspections et des enquêtes en matière d’accidents du travail ou de maladie professionnelle.
- Il examine les propositions permettant d’améliorer les conditions de travail, d’emploi et de formation professionnelle des salariés, ainsi que celles concernant les conditions de travail…
On constate qu’au travers de ces différentes missions, les élus CSE sont pour l’employeur qui souhaite mettre en place une démarche de prévention des risques professionnels une source précieuse d’information, de connaissance et de remontées terrain.
C’est pourquoi les membres du comité sont une ressource incontournable pour l’employeur.
Bénéficier de l'expertise des organismes de prévention externes
En complément du CSE, l’employeur peut choisir de faire appel à un organisme de prévention externe.
De fait, ces organismes possèdent plusieurs avantages :
- Une expertise reconnue avec des compétences techniques validées et une veille réglementaire constante.
- Un regard externe et objectif grâce à une expertise indépendante et une expérience auprès des autres entreprises qui permet un retour d’expérience sur des solutions déjà essayées.
- Un gain de temps et de ressources, ces organismes organisant parfois des formations auprès des salariés.
Mesurer l'efficacité de l'implication des salariés
Les salariés étant au centre de la démarche de prévention, il est nécessaire de mesurer leur implication.
Indicateurs de suivi et d'amélioration continue
Les indicateurs cités précédemment vont être utiles pour vérifier les améliorations des actions mises en place.
Par exemple, le suivi du taux d’accidents sur un service ayant effectué des changements inscrits dans le plan d’action va permettre de vérifier son efficacité.
Ajuster les actions en fonction des résultats obtenus
Ainsi, les actions efficaces vont être maintenues, alors que les autres devront être revus pour amélioration ou annulés.
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